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 Haiti-Refondation.org

ET " K-PLIM " VINT

, 02:29am

Publié par haiti-refondation-org

Evans PAUL quand il se faisait appeler  " K-PLIM "

Evans PAUL quand il se faisait appeler " K-PLIM "

ET " K-PLIM " VINT…
par Marvel Dandin
Le pouvoir Tèt Kale est à la croisée des chemins. La pression de la rue l’a contraint à se défaire d’un premier ministre omniprésent et vraisemblablement indésirable dans les cercles proches du chef de l’État. En désespoir de cause, le président Martelly a fait appel à « un militant politique » de carrière : Evans Paul, de son nom d’artiste « K-Plim ». KP pour les intimes.
L’itinéraire politique du personnage est connu. Ses forces et ses faiblesses tout aussi bien. Il est un martyr de différentes dictatures : celle de Jean-Claude Duvalier ; celle de Prosper Avril. A maintes reprises, il a été l’objet de tortures et de sévices et s’en est tiré à chaque fois avec des stigmates et de profonds traumatismes.
L’homme a tout tenté contre les dictatures et en faveur de la démocratie. De la lutte armée à la lutte démocratique en passant par les conspirations, les complots de toutes sortes, les mobilisations populaires actives. Il a accédé au poste de Maire de la capitale où son bilan a tout de même soulevé des controverses. La réputation de l’homme politique n’a point, pour autant, subi des contrecoups. Il est d’ailleurs resté sur l’échiquier politique comme un des principaux dirigeants de l’opposition.
Evans Paul s’est construit, au cours du temps, une image différente de celle qui a toujours été la sienne : en pardonnant à son bourreau Prosper Avril, en lui serrant la main ainsi que celle du dictateur Jean Claude Duvalier un premier janvier, en compagnie du président Martelly, « K-Plim » a franchi le Rubicon dans son cheminement vers un profil de responsable politique modéré et conciliant, favorable au rapprochement des secteurs antagonistes de la société.
Aujourd’hui qu’il a été appelé aux affaires, peut-il mettre à profit cette image qu’il s’est taillé, en faveur de l’apaisement et de l’organisation d’élections crédibles ?
Cela dépendra de la marge de manœuvre qu’entendent lui laisser le président Martelly et son entourage. Cela dépendra de l’accueil que lui réservera le parlement, notamment les 6 du Sénat. Cela dépendra de l’attitude qu’auront à son endroit différents secteurs de la classe politique, à l’exception de ceux qui ont déjà fait l’option du « rache manyòk ».
La perspective d’un gouvernement « K-Plim » dépendra surtout de la capacité du premier ministre nommé à réaliser les négociations qui n’ont pas concouru à son choix. Car, grande a été la déception de l’opposition de constater que M. Martelly a choisi « son premier ministre » en dehors des négociations auxquelles elle s’attendait et qui ont été en quelque sorte annoncé par la Commission consultative présidentielle. Or, M. Martelly avait déclaré avoir accepté en bloc les recommandations de la commission. L’accord tripartite du 29 décembre 2014, avec la signature du président contesté du CSPJ et de la Cour de Cassation, constitue un second accroc à ces recommandations, la démission de Me Anel Alexis Joseph ayant été assez clairement sollicitée.
S’il a l’opportunité de remplir la mission, « K-Plim » devrait pouvoir réaliser les négociations en question. En toute logique, elles ne devraient pas porter sur une diversité de points. S’il faut être réaliste et efficace, les parties devraient s’entendre, entre autres, sur :
La formation d’un conseil électoral représentatif, crédible et indépendant ;
La suspension de l’instrumentalisation politique de la justice et de la police ;
Le contrôle du pillage et du gaspillage des ressources publiques ;
La reconquête de la souveraineté nationale, notamment en matière électorale, même si l’étranger finance les élections.
L’arrêt de tout processus de cession du territoire et/ou de liquidation des richesses minières ;
La définition d’un programme d’urgence pour faire face aux besoins les plus pressants de la population.
C’est sur la base de tels engagements que la participation de certains membres de l’opposition au gouvernement pourrait être envisagée. A condition que le président Martelly réalise que c’est à ce prix que le reste de son mandat est préservé. A condition aussi que la communauté internationale verra que c’est à ce prix qu’elle sortira du bourbier dans lequel elle s’est enlisée en supportant un régime qui n’a pas organisé des élections en 3 ans et plus de règne.
Marvel Dandin