Le commissaire Danton Léger rappelle au président Jocelerme Privert son statut d’ancien prisonnier évadé aujourd'hui président
En voulant mettre la situation inhumaine des prisonniers sous les feux des projecteurs, Danton Léger frappe fort. Selon lui, le président Privert, pour avoir pris pension au pénitencier national durant 26 mois, devrait œuvrer à l’amélioration des conditions de détention des détenus. Il participait aux funérailles de six prisonniers ayant cassé leur pipe dans la taule de la rue du Centre. Et Jocelerme Privert n’a pas fait dans la dentelle pour rappeler aux commissaires qu’ils doivent obtempérer aux ordres du gouvernement, dans le cas contraire, ils n’ont qu’à démissionner.
Ulcéré devant le calvaire des détenus à la prison civile de Port-au- Prince, Jean Danton Léger a tenu des propos très virulents jeudi dernier. Le commissaire a critiqué la politique carcérale de son gouvernement, rappelant au passage le passé carcéral du président Jocelerme Privert. Lors de son intervention aux funérailles de six prisonniers décédés, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince a dénoncé la passivité de l’État haïtien dans l’amélioration des conditions de détention. « Les centres carcéraux ne peuvent abriter que des porcs. L’État doit comprendre qu’un prisonnier doit être traité dans la dignité, peu importe qu’il soit un voleur, un délinquant, etc. Il doit purger sa peine dans un espace décent afin de subir les rigueurs de la détention », a-t-il fait savoir, accusant tous les gouvernements, notamment celui auquel il appartient.
Plus loin, l’ancien député de Léogâne a rappelé au président Jocerlerme Privert
qu’il avait défendu en tant qu’avocat son statut d’ancien prisonnier. « Le président Jocelerme Privert semble avoir oublié qu’il a été incarcéré, durant 26 mois, dans de mauvaises conditions au pénitencier national. J’avais pensé qu’en arrivant au pouvoir, l’amélioration des centres carcéraux serait l’une de ses premières actions », a-t-il balancé.
Le commissaire Jean Danton Léger n'a pas non plus été tendre avec la protectrice du citoyen, Florence Elie. Saluant ses actions, notamment dans les démarches pour trouver des médicaments et des nourritures pour les détenus et pour obtenir la libération de plusieurs d’entre eux, Danton Léger a estimé que la protectrice du citoyen devait se montrer efficace dans d’autres aspects. « Aujourd’hui je vous mets face à vos responsabilités. Vous êtes là pour protéger les citoyens. Et les prisonniers, incapables de mouvement, doivent être l’une de vos priorités. Je demande plus d’implication de votre part », a-t-il souhaité.
Danton Léger, qui s’est posé au milieu des cercueils des six prisonniers inhumés, a rappelé que le parquet ne prenait aucun plaisir en organisant des funérailles de prisonniers. « Ils sont décédés parce qu’ils étaient mal nourris, mal vêtus, mal logés et maltraités. C’est une honte pour l’Etat d’enterrer des détenus qui ne furent jamais présentés devant un juge naturel. Ce n’est pas sérieux. Je m’accuse ainsi que les autres commissaires et les juges », a-t-il assené, insistant sur l’urgente nécessité de résoudre le problème de la détention préventive prolongée.
Les déclarations de l’ancien député de Léogâne ont fait des étincelles et la réponse de Jocelerme Privert ne s’est pas fait attendre. Au salon diplomatique de l’aéroport Toussaint Louverture, il a avancé qu’un commissaire du gouvernement, parce qu’il relève du pouvoir exécutif, doit simplement démissionner s’il ne veut pas obtempérer aux instructions du gouvernement. « Le commissaire n’est pas élu. Il n’est pas un pouvoir indépendant. Un commissaire du gouvernement qui a reçu une instruction qu’il ne veut va respecter, qu’il démissionne. Que cela soit clair pour tout le monde une fois pour toutes », a-t-il averti, faisant allusion notamment aux élections et au mémorandum du ministère de la Justice suspendant temporairement l’octroi de l’exequatur. À cette dernière décision, Jean Danton Léger avait indiqué qu’il allait se rebeller.
Le président rappelle que les commissaires du gouvernement sont nommés par le ministre de la justice et le premier ministre pour répondre à leur devoir envers la nation. « Quand le gouvernement ordonne que les commissaires s’abstiennent de toute interférence dans le processus électoral, ils sont tenus à s’y conformer. Ils n’ont pas le droit de contester les actes du gouvernement », a-t-il fait savoir.
Source : http://lenouvelliste.com
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